Quand on évoque le prénom de Régine, tout de suite vient en tête des chansons comme « La grande Zoa » ou « Les petits papiers ». Viennent aussi des mots tels que « nuit », « fête » et « accent parisien ». Mais Régine s’est aussi un répertoire bien souvent méconnu, de grands auteurs, une femme avec du caractère et un grand cœur.

 

A l’occasion de la sortie de son dernier album « Duet’s » dans lequel elle reprend ses plus belles chansons en duo avec ses amis comme Pierre Palmade ou avec des gens qu’elle apprécie beaucoup comme Maurane ou La Grande Sophie. Je me suis entretenu avec Régine et je ne vous cacherais pas que c’était un grand plaisir de la rencontrer, cette artiste est une grande dame.
 
Son nouvel album est à la hauteur de nos espérances avec des chansons qu’on aime écouter dans leurs nouvelles versions ou tout simplement découvrir pour la 1ère fois.

 

 

Vous venez de sortir un album de duos intitulé « Régine Duet’s » dans lequel on peut entendre 16 de vos chansons avec des artistes aux univers différents, tout d’abord qui a eu l’idée de ce projet ?

 

C’est moi, ça fait à peu près 4 ans que je pense à ça, je voulais faire un album de duos avec mes chansons, qui je pense, dans le répertoire de la chanson française sont formidablement écrites par des gens de grands talents comme Barbara qui m’a fait « Gueule de nuit », elle n’avais jamais écrit pour quelqu’un d’autre, Gainsbourg évidemment qui a posé sa petite griffe, ce sont des chansons à grands succès. Il y a « les petits papiers », que Jane Birkin n’avait jamais chantés car elle considérait que c’était une chanson faite par Serge pour moi avant de la connaître. C’est un album complètement festif avec Boy George, Paolo Conte, « Les petits papiers » qui est apprise en CM2, une ballade avec Maurane sur « Toi et moi ». Il y aussi « Un jour je quitterais tout » qui n’est pas pour moi une chanson de désespoir mais une soupape de sûreté, dans le sens où si je me dis que j’en ai marre de tout ça je suis libre de quitter, je suis une femme libre. Toutes ses chansons étaient des grands cadeaux et je voulais en faire profiter des gens que je ne connaissais pas comme Juliette ou Didier Wampas sur « La grande Zoa » et le temps de faire les réorchestrations et les enregistrements ça a pris un an, un an de bonheur

 

16 titres quand on regarde votre carrière c’est peu, comment avez-vous fait le choix des chansons présentes sur l’album ?

 

Ca a été très très difficile, Universal a sorti il y a 6 ans un triple best of ou il y avais donc 75 chansons et quand je les ai réécoutées, ce sont des chansons qui ont 25 ans en moyenne et j’ai trouvé que ça n’avais pas vieilli. J’ai mis 8 mois à choisir en essayant de mettre avant tout des choses festives , on a fait des écoutes, on a été d’accord, ensuite plus, j’ai un grand répertoire même si ce n’est pas mon métier principal.

 

Et en ce qui concerne les interprètes, est-ce vous qui êtes allez les chercher ?

 

Alors là ça a été extraordinaire, tout le monde a dit oui, Juliette est arrivée comme ça en disant « qu’est ce qu’on fait ». Moi j’ai laissé mes invités choisir car, comme j’ai une façon de chanter très parisienne je ne voulais pas qu’ils se croient obligés de faire comme moi, souvent il y a un mimétisme qui se fait dans les duos. Tout ceux que je voulais avoir je les ai eu comme Edouard Baer ou Palmade qui est un très grand ami. Il manquait quand même Bénabar, qui est venu chanter avec moi aux Folies Bergères mais il préparait son disque à lui. Thomas Dutronc j’y ai pensé également mais il faisait aussi son album et ne pouvait pas se libérer. C’est un disque qui a une grande diversification et en même temps il est homogène, certains diront « branché », je n’aime pas ce mot il a été tellement utilisé et sans intérêt, un disque ou s’est bien ou s’est mal. C’est aussi plein d’amitié, c’est important de nos jours il ne faut pas penser que commercial mais au plaisir de donner.

 

 

On parlais de « Un jour je quitterais tout », pensez-vous parfois à votre retraite médiatique ?

 

C’est une pensée qui ne me vient absolument pas à l’esprit, je trouve la chanson magnifique, quand on la chante c’est très dur d’aller jusqu’au bout. Palmade m’avais fait commencé le spectacle aux Folies Bergères avec cette chanson s’était très très dur.

 

Sur l’album « Made in Paname » en 2004, vous aviez écrit la chanson « Fashion Victime », n’aviez vous pas eu envie de réitérer l’expérience pour nous offrir une chanson inédite sur cet album ?

 

Moi vous savez je n’écris que très peu, j’ai eu des bons auteurs comme Sagan avec « De toute manière » que j’ai pensé mettre sur l’album mais elle ne se partageais pas. Je voulais vraiment des choses que l’on puisse faire en duo comme le titre « Duet’s » l’annonce.

 

Est-ce que cet album est pour rappeler d’une certaine manière au public que vous êtes aussi une chanteuse et que c’est votre métier à l’origine ?

 

A l’origine mon vrai métier c’est la nuit, j’ai commencé à chanter en 1965 j’ai eu la chance d’avoir la chanson « Nounours » écrite par Aznavour, pour moi je le faisais en me disant « on verra » et tout de suite après je n’ai eu que des chansons extraordinaires avec « Les petits papiers », « Patchouli Chinchilla » … Oui j’ai voulu un peu rappeler que j’étais chanteuse et que j’avais choisi des musiques et des textes très bons et je voulais que les générations qui arrivent les connaissent. Les jeunes achètent ce disque et je reçois beaucoup de courrier y compris sur Internet, j’en suis très heureuse.

 

Vous êtes une femme de caractère à ce que l’on dit, est-ce que vous pensez que cela a pu vous fermer des portes dans votre carrière ?

 

Je suis une femme avec du caractère car très jeune j’ai du prendre ma vie en main. Je pense que certains sont réfractaires à moi car ils ont des grands postes mais il faudrait qu’ils pensent qu’au final on va tous au même endroit.

 

Vous n’avez pas pu monter sur scène pour jouer la pièce « Si c’était à refaire » à cause de problèmes de santé. Avez-vous d’autres projets dans ce sens ?

 

J’étais extrêmement mal, je ne pouvais pas parler de ce qu’il se passait dans ma vie à cette période là et sans m’en rendre compte j’ai changé de personnalité. Le soir de la première mon fils s’est éteint et ça a été très dur pour moi car je suis quelqu’un qui tient toujours parole. Quand on n’est pas un comédien de carrière qui fait que l’on peut prendre des chocs aussi fort et jouer après c’est difficile.

 

Je n’ai pas d’autres projets dans ce sens, je veux faire ma comédie musicale, que je ne jouerais pas moi, et j’écris aussi un livre dans lequel je raconte à mon fils les 50 ans de l’après guerre. Il se moquait de moi car je faisais des livres de midinettes alors que j’ai vu des tas de choses. Ca sera un livre très drôle, en même temps dur car j’ai rencontré des fortes personnalités et je lui parle aussi.

 

L’une de vos prestations en province n’est pas dés moindres car vous avez chanté pour l’ouverture des Jeux Olympiques à Grenoble, quel souvenir en gardez-vous ?

 

Oui, mon médium m’avait dit que j’aurais des tâches rouges sur la figure et en effet j’en ai eu 1 heure avant que je me maquille et ça a disparu grâce à ça. J’avais demandé qu’on refasse mes orchestrations, j’avais 12 musiciens et je suis monté sur scène quasiment pour la 2ème fois. Becaud était la vedette de ce jour là et normalement je devais partir en tournée avec lui, il a été tellement affolé d’emmener tout ça en tournée qu’il n’a pas voulu de moi et donc j’ai fait la vedette américaine de Devos.

 

Avant de terminer, comme le veux notre tradition auriez vous un petit message à faire passer à nos lecteurs ?

 

Regardez autour de vous, avoir la joie de vivre si on peut, aider les autres si on a les moyens et profiter de la vie car ça passe vite. Et je leur souhaite beaucoup de bonheur et pleins de choses formidables.

L’album, Regine’s Duets est disponible dans les bacs des disquaires.