Manu, certains d’entre vous la connaissent sûrement en tant que leader du groupe de rock Dolly, mais depuis l’arrêt du groupe elle n’a pas stoppé la musique pour autant. Après une pause elle est revenue sur le devant de la scène avec son album « Rendez-vous » et une très longue tournée qui continue encore aujourd’hui notamment avec les festivals d’été.

 

Une artiste très simple qui nous parle ici de la genèse de l’album, de ses différentes façons de travailler ses titres, de la scène et qui nous confie que le prochain album commence tout doucement à prendre quelques formes. On est impatient.


Vous avez sorti votre album « Rendez-vous » dans lequel il y a vraiment beaucoup de styles différents, si vous deviez le présenter quand diriez-vous ? 

 

Je dirais qu’il représente tout ce qui me procure de l’émotion dans la musique, ce mélange justement que l’on retrouve de pop, de folk, de rock. Tout ce que j’aime dans la musique est regroupé dans cet album, des ballades plus folks et il y a des chansons plus électriques, tout dans l’énergie.

 

Comment procédez-vous pour créer les morceaux, est-ce d’abord la musique ou les textes ?

 

Souvent je pars d’une base acoustique chant et ensuite pour cet album j’ai demandé à Nico (mon ex-compère de Dolly) de décorer ces acoustiques chants et puis autrement on a repris nos automatismes de l’époque à savoir que je travaillais aussi sur ses instrumentaux. Cet album est parti au départ de la matière que j’avais après une année d’écriture toute seule et puis j’ai gardé quelques morceaux tel que « Goodbye » ou la musique de « Allée des tilleuls » et ensuite on a étoffé avec ce que je vivais à ce moment-là soit une année plus tard. Cet un album très intime car il retrace deux années de ma vie.

 

Vous travaillez à nouveau en groupe, comment sont arrivés Ben (guitare et basse) et Nirox (batterie) sur le projet ?

 

Alors après avoir travaillé avec Nico tous les deux sur l’album, on a eu envie de l’enregistrer dans des conditions de live pour que ça sonne le plus direct possible et ensuite faire quelques arrangements. C’est aussi suite à l’invitation de Mathias de Dyonisos à faire notre toute première date en ouverture de son groupe en novembre 2007, il m’a fallu trouver des musiciens et je n’ai pas été cherchée bien loin : Nirox est mon meilleur ami et Ben, on s’était rencontré sur la route lors d’une tournée commune. Il est à la guitare à la base et il s’est proposé de passer à la basse pour mon projet et fait aussi de la mandoline.

 

Travailler en groupe était un besoin pour vous ?

 

J’ai toujours fonctionné comme ça, j’aime le groupe et le partage, je ne pense pas que faire un album toute seule de A à Z en plus avec tous les instruments était bien, je pense qu’il faut mieux déléguer certaines choses à ceux qui savent mieux le faire. Moi mon but c’est de me mettre au service de la musique et des morceaux pour que ce soit le mieux possible du coup je préfère bien m’entourer.

 

L’album a pour titre « Rendez-vous », pourquoi ce titre ? Est-ce un rendez vous avec vous-même ou avec le public ?

 

C’est ce que vous avez dit, vous avez bien résumé, d’abord un rendez-vous avec moi-même, en référence à la première année d’écriture. Ensuite un rendez-vous avec Micka (Mickaël Chamberlain, bassiste du groupe Dolly, décédé) que je m’étais donné comme on s’en donne parfois de manière assez symbolique quand on a perdu quelqu’un qui nous est cher, moi ma manière de lui rendre hommage c’était de lui donner un rendez-vous sur scène avec un morceau, et il y a même plusieurs morceaux pour lui sur cet album. Et aussi bien sûr un rendez-vous avec le public, car lorsque Dolly s’est arrêté j’avais écrit une petite lettre aux fans où je leur donnais rendez-vous mais je ne savais pas quand à  ce moment là.

 

Dans cet album il y a une ballade avec « Dis-moi un secret », écrivez-vous de la même façon en sachant que le morceau sera plus ou moins rock ?

 

Alors « Dis-moi un secret » je me suis inspirée en fait d’une partie de piano écrite par Manu Lanvin pour un film qui s’appelle « On ne devrait pas exister ». Je l’écoutais dans le train et la mélodie m’est venue, ensuite j’ai fait un texte et quand on l’a travaillée avec Nico, on l’a faite tous les deux à la guitare acoustique et on a gardé notre ébauche de travail. On a juste rajouté un petit clavier et les petites voix, vraiment pas grand-chose comme arrangement. C’est un exemple encore d’une autre manière de fonctionner.

 

Sur « Oh my friend » vous finissez le morceau d’une manière acoustique, n’aviez-vous pas envie de le faire entièrement de cette manière qui se prêtait bien au texte ?

 

Ca aurait pu être une option aussi, puisque je la fais tourner en acoustique parfois, en fait c’est assez instinctif, quand on a travaillé cette chanson c’était en acoustique, dans mon souvenir c’est même une partie de guitare de Nico, et quand j’ai posé mon chant on a travaillé sur une rythmique avec Nirox et Ben et une énergie supplémentaire est venue et ça a ensuite procuré plus de plaisir que la version acoustique. Je vais en général là où j’ai le plus d’excitation avec la chanson.

 

J’aimerais revenir aussi sur « Suteki ni » une chanson en Japonais, comment avez-vous découverte cette culture ?

 

Alors c’est au travers de films et dessins animé de Myazaki par exemple, de mangas musicaux, je n’étais pas trop attirée par les mangas au départ, le fait de lire en commençant par la fin peut-être et je me suis laissé quand même embarquer. Je suis tombée amoureuse de certains dessins et je me suis rendu compte aussi que je suis une passionnée de jeux vidéo et que mes favoris étaient japonais donc je me suis dit qu’il fallait rendre hommage à une partie de cette culture. J’ai donc demandé à une amie Suzuka Asaoka  qui est animatrice sur la chaîne Nolife de faire le texte car je ne maîtrise pas la langue, c’était en phonétique, moi je lui avais seulement donné comme indication que je voulais une chanson très positive qui donne envie d’ouvrir les bras. Je suis très contente que ça ait fonctionné.

 

Cela fait plus d’un an que vous faîtes des concerts avec cet album, comment a été l’accueil à votre première scène en tant que « Manu » et l’accueil général en tournée ?

 

Alors Manu toute seule ça a été assez émouvant car il y a eu des concerts avant la sortie de l’album et après. Avant on va dire que c’était surtout des retrouvailles avec les gens qui venait me voir à l’époque de Dolly et donc la découverte de morceaux et puis beaucoup d’émotion car entre écrire des textes toute seule en écriture libre qui n’étaient au départ pas destinés à être partagés et puis se retrouver à les jouer sur scène il y a quand même un monde, que j’avais du mal à gérer d’ailleurs au début.

Et puis les autres dates après la sortie de l’album, une autre émotion car des retrouvailles mais cette fois avec des gens qui connaissaient les morceaux et donc s’ils étaient là c’est qu’ils avaient aimé et puis aussi des gens qui ne connaissaient pas Dolly, qui viennent car ils ont été émus par mon univers ou ma musique donc il y avait à la fois une attente et une découverte selon les personnes, en ce qui me concerne c’était plutôt de l’attente et de l’émotion.

 

Faites-vous des reprises de Dolly sur scène ?

 

Non j’en ai pas le besoin pour l’instant, on fait un morceau de Dolly mais en fait c’est ce qu’on appelle un ghost (morceaux caché) qui est très peu connu donc j’avais envie de le faire écouter d’avantage et repris un peu à notre manière mais sinon pour l’instant j’ai surtout envie de présenter et défendre mon album qui me tient vraiment à cœur. Après je ne m’interdis pas plus tard et c’est arrivé que 2 fois le public reprenne une chanson de Dolly a capella, je crois que c’était « partir seule »  et donc on s’est mis à la chanter aussi avec eux. Mais c’est très anecdotique ça ne fait pas partie du set du concert.

 

Vous faîtes l’Elysée Montmartre, cela sera votre 3ème rendez-vous parisien, vous les préparez de la même manière ou plus de pression ?

 

C’est pas une histoire de Province ou de Paris, j’ai eu autant la pression quand je jouais à Nantes par exemple, parce ce que j’étais chez moi. La famille et les amis, avec les gens de la profession, c’est le pire des public, quand on est sur scène on se met la pression malgré nous. Après c’est vrai que Paris c’est un peu stressant, peut-être du fait que l’on sait que dans la salle il y a des gens qui sont là pour vous juger. Mais sinon moi ce qui m’importe c’est une salle pleine surtout, c’est vrai que le rendez-vous du 31 janvier au Trabendo c’était génial car c’était salle comble et ce qui nous permets de rajouter la date à l’Elysée Montmartre.

 

Le groupe Indochine avec qui vous avez déjà partagé l’affiche du X festival va se produire au Stade de France, cela vous aurez intéressez de faire la première partie d’un concert comme celui-ci ?

 

Ah bien sur, ça intéresserait tout le monde je pense. C’est vrai qu’on a eu la chance déjà d’être invité par Nicola en ouverture du groupe quelques fois du temps de Dolly, c’est toujours des moments très particuliers et intenses avec le public d’Indochine. Moi ce que je veux c’est jouer, la dernière fois que Nicola m’a invitée c’était en tant que Manu au festival de la foire aux vins à Colmar, on venait de finir l’album et c’est important des concerts comme ça car ça amène un autre public qui nous connaît pas forcément.

 

Avez-vous déjà des projets de nouvel album ou vous concentrez-vous seulement sur la tournée ?

 

Jusqu’alors on se concentrait sur la tournée, là comme on a eu une pause d’un mois, on commence à penser à d’autres chansons, à caller des répétitions pour jouer et voir ce qu’on pourrait faire et moi je me remets aussi à mes compositions guitare/chant. Doucement on s’y remet.

 

Pour conclure cet entretien on a l’habitude de laisser le dernier mot à notre invité pour nos lecteurs

 

Que leur dire sinon de venir nous voir très vite en concert car on a envie de les rencontrer, moi mon terrain de jeu favori c’est la scène donc je ne pourrais qu’inciter les gens à venir nous voir et en étant plus large dans mes propos à aller aux concerts tout simplement car il ne faudrait pas que ça devienne comme les disques. Pour les festivals je pense que ça ira toujours mais c’est pour les salles où parfois c’est un peu plus dur, je touche du bois car pour l’instant il y a du monde et c’est grâce aux gens qui achètent les disques et viennent nous voir qu’on existe.