Vincent Baguian est probablement une des plumes les mieux aiguisées du paysage français actuel. Artiste multi-facettes, il a sorti en 2007 , son troisième opus, Ce soir c’est moi qui fais la fille. D’origine arménienne, le chanteur parle de ses racines dans un superbe duo avec Diane Minassian, Je suis une Tombe. Ce duo est disponible sur la plateforme iTunes.

Vincent Baguian & Diane Minassian - Je suis une tombe (Version duo) - Single - Je suis une tombe (Version duo)

Je suis une Tombe (version duo)

L’artiste est connu pour ne pas utiliser la langue de bois et il se prête au jeu de l’interview d’Influence avec franchise et humour.

Vincent Baguian sera en concert au Centre Lebournot à Aubenas le 24 janvier 2009.

1. Qui est Vincent Baguian?

VB:Je vais vous épargner un peu, car si je commence à me raconter maintenant, je vais tellement en dire que vous n’aurez plus aucune question à me poser par la suite. Je suis Vincent PAMBAGUIAN, devenu BAGUIAN parce qu’il faut faciliter la vie des gens et que j’en avais assez que l’on écorche mon nom.

2. Vous avez toujours su que vous feriez une carrière artistique? ou votre passion pour les mots et la musique sont venus plus tard?

VB: Je voulais faire du théâtre. J’ai compris très tôt que c’était plus amusant de jouer que de travailler, surtout si ça devait durer toute une vie. Et puis à 12 ans j’ai écouté Brassens. Il chantait tout ce que j’aurais voulu que mes parents me disent . Alors c’est devenu mon tonton adoré d’adoption, et j’ai voulu faire comme lui.

3. A 18 ans vous êtes coursier pour une agence de pub. Vous deviendrez concepteur-rédacteur pour cette agence. Comment en arrivez-vous là?

VB: Je suis entré dans la pub comme coursier et par hasard, et quand je me suis aperçu que les concepteurs-rédacteurs pouvaient passer 3 jours en studio pour faire la musique d’une pub 30 secondes, alors qu’avec mon petit groupe de rock , on n’avait pas assez d’argent pour enregistrer ne serais-ce qu’une après midi, je me suis dit que j’allais passer par cette petite porte.

4. Quel est le travail d’un concepteur-rédacteur? Vous discutez avec l’artiste des différentes possibilités? L’artiste apporte des idées? Comment est-ce que ça se passe en règle général?

VB: Un concepteur rédacteur de pub discute rarement avec des artistes. En général il est face à un produit qui ne parle pas et dont il faut faire la promotion. L’interlocuteur est un client qui n’est en général pas tellement artiste dans l’âme. Il est malheureusement peu fréquent de concevoir des publicités pour des artistes. Et si l’occasion se présente, il faut être à son écoute, car on ne peut bien entendu pas faire la promotion d’un artiste comme s’il s’agissait d’un pot de yaourt.

5. Vous avez travaillé sur des albums de Serge Gainsbourg, vous l’avez rencontré? Etait-il impressionnant?

VB: Oui, je l’ai rencontré. J’ai travaillé pour lui durant les 3 dernières années de sa vie. Dans un premier temps, nous nous mettions d’accord avec son directeur artistique et ami Philippe Lerichomme, et ensuite nous présentions les projets à Serge Gainsbourg. Je le trouvais très impressionnant. Dans le cas de Serge Gainsbourg, le talent autorisait pas mal d’excentricités qui se seraient avérées insupportables de la part de quelqu’un qui en aurait été dépourvu. C’était un homme très gentil, ouvert et très délicat avec le jeune homme que j’étais à l’époque. Il acceptait qu’on lui propose toutes les idées, les plus subversives, décalées, même si elles le mettaient un peu à mal ou l’égratignaient.

6. Pour quels autres artistes avez vous conçu des projets?

VB: J’ai travaillé pour Billy Idol, Louis Chédid, pour Zazie et pour pas mal d’autres…

7. Qui vous a donné l’envie de faire de la musique et de chanter?

VB: Aznavour à la maison, Mike Brant à la radio, les Popies et Status Quo en colonies de vacances. C’est comme ça….

8. Vous avez une plume assez pointue pour écrire, vous utilisez l’ironie mordante, jamais méchante mais grinçante malgré tout. C’est dans votre métier que vous avez développée cette manière d’écrire ou ça a toujours été votre façon d’écrire?

VB: Je n’aime pas trop l’eau tiède. Ni les idées reçues, les aphorismes. Je ne suis pas spécialement bavard, je ne raffole pas des discussions autour de la pluie et du beau temps et des conversations interminables au téléphone par exemple. Alors quand j’écris, j’essaye de ne pas m’ennuyer moi-même, en espérant que si j’y parviens, d’autres y trouveront aussi un intérêt.

9. Vos textes sont parfois grinçants, mais aussi on ressent les mots d’un homme blessé, je me trompe?

VB: Gainsbourg disait « Quand on photographie un ciel bleu, on obtient un carré bleu. Quand on photographie un ciel d’orage, on obtient un tableau. » Je ne suis pas un homme blessé. Je suis un homme que la vie n’a pas épargné, car la vie n’épargne personne. Et je trouve très difficile de faire une bonne chanson avec du ciel bleu, des petits oiseaux, la mer, et une amoureuse à mes côtés. Je suis pourtant heureux souvent dans la vraie vie ; mais mon choix est de ne pas raconter ça. Il y des chanteurs qui ne parlent que d’amour, et quand on regarde leur vie privée, c’est la catastrophe. Pourtant ils n’ont pas l’air blessé. Disons que moi, c’est l’inverse.

10. Comment arrivez-vous en 1991 à faire produire votre premier album  » Triste »?

VB: Je travaille avec le producteur des Charts ( l’ancien groupe de Calogero) pour faire leur pub. Il sait que je suis en train de faire des maquettes, il me demande d’écouter. Et il me signe.

11. En 2008, quel regard portez-vous sur ce premier album?

VB: C’est une grande leçon. Aujourd’hui quand j’écoute cet album, j’ai honte. Et je me suis juré de faire en sorte de ne plus avoir honte de mes chansons. J’ai commencé à chanter pour de mauvaises raisons en m’inventant un personnage de chanteur. Maintenant, je travaille autrement, je suis moi dans mes chansons. Et c’est l’ordre des choses.

12. J’ai lu que vous ne courriez pas après la renommée. C’est rare pour un artiste, non?

VB: Je ne cours pas après la renommée. Mais j’ai écouté Brassens très jeune, et sa chanson « Les trompettes de la renommée ». J’ai donc été averti, mis en garde, prévenu, très tôt. Je crois que mes chansons valent mieux que moi. J’aimerais qu’elles soient reconnues au moins elles. Être reconnu, moi de ce fait, pourquoi pas. Mais certainement pas connu à n’importe quel prix et pour n’importe quelle raison.

13. Etre artiste de nos jours, on a l’impression que c’est facile, on fait une émission de télé(dans un château) et on est médiatisé, en 1991 ce n’était pas aussi facile de se faire un nom?

VB: Être artiste, et se faire un nom, voilà deux choses qui n’ont rien à voir. Quand j’étais petit, je pensais que pour passer à la télé, il fallait le mériter. Mais j’étais petit. Un clown est un artiste. Un sculpteur est un artiste. Un chanteur comme Nougaro est un artiste. Mais cela n’a rien à voir avec le fait d’être une vedette. À la star acc on devient une vedette en 2 semaines. Et si on arrive à s’en sortir, au bout de plusieurs années, on devient éventuellement un artiste. Sinon, on doit tenter de supporter toute sa vie le fait d’avoir été une étoile filante, d’avoir été en haut sans le mériter vraiment, d’avoir généré des fans, d’avoir remué les foules, et de retomber sans comprendre…Il faut tenter de le supporter sans se foutre en l’air.

14. Comment avez-vous rencontré Francis Cabrel qui produira votre second album  » Pas mal »?

VB: J’ai rencontré Francis Cabrel en participant aux rencontres d’Astaffort. Il faut savoir que ces rencontres existent encore et que c’est toujours possible de postuler pour y participer en contactant « Voix du Sud ». C’est une expérience unique.
On y apprend beaucoup de choses, et cela se fait avec la pudeur nécessaire à la création, sans éliminations, sans caméras, et avec Francis Cabrel, on est certains que les conseils émanent d’un véritable artiste qui sait de quoi il parle. Avec Raphaël Richie, j’ai des doutes.

15. La maison de disques vous a-t-elle alors laissé faire l’album que vous vouliez ou aviez-vous reçu des indications à suivre?

VB: J’ai été aidé, conseillé, mais jamais dirigé, ni censuré. Francis Cabrel est un seigneur. J’ai travaillé également avec un monsieur très intelligent et très ouvert qui se nomme Richard Seff et qui a tout fait pour respecter mes chansons tout en faisant évoluer leur univers.

16. Le fait que Cabrel s’occupe de vous, c’est déjà un beau coup de pouce. Vous pensiez alors que cette rencontre allait définitivement lancer votre carrière?

VB: Je pensais que ça allait beaucoup m’aider. Je crois que le fait d’être produit par Cabrel a fait que l’on a été attentif, mais cela a aussi éveillé quelques jalousies, chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout.

17. Etes-vous quelqu’un qui a des plans de carrière? Une certaine ambition?

VB: Oui, j’ai l’ambition de faire de bonnes chansons et d’offrir aux gens un voyage inhabituel quand ils viennent me voir en concert. C’est mon ambition, j’espère que j’y arrive un peu.

18. Vous êtes un amoureux des textes. Quels sont les auteurs qui arrivent à vous séduire?

VB: Ils sont nombreux. Autant dans la chanson que dans la littérature. Tous ceux qui éclairent la vie différemment avec leurs mots. Brassens, Vian, Boby lapointe, Souchon, Brel, Aznavour, Renaud, Florent Marchet, Clarika… Pour ne parler que de quelques chanteurs. Quand j’étais jeune j’apprenais Molière par Cœur car j’aurais voulu parler tout le temps comme dans ses pièces.

19. En 2000, sort « Mes chants » votre troisième opus. Quelles sont les différences entre cet album et les deux précédents?

VB: Je commets je crois une erreur en produisant un peu trop cet album. Mais je pense que dans cet album, je suis de plus en plus proche de moi, à la fois dans les textes et dans la façon de chanter.

20. Votre plume gagne en sérénité plus on avance dans les années?

VB: L’écriture a besoin de gymnastique. Plus on pratique plus on devient souple. Je crois qu’au fil du temps j’ai pas mal gagné en souplesse.

21. Enfant, je crois que vous rêviez d’être comédien, c’est un rêve perdu ou vous avez encore espoir de faire quelque chose dans ce domaine?

VB: Je suis comédien. Dans les clips par exemple, je trouve que je m’en sors pas trop mal. Et puis ce que je fais sur scène, entre les chansons, la façon de concevoir les concerts , je le fais j’espère avec le sérieux d’un comédien.

22. Avec votre façon d’écrire vos textes, serait-il envisageable de vous voir écrire un scénario?

VB: Je suis en train d’écrire un scénario avec une jeune femme qui s’appelle Maureen Dor. Mais ce scénario verra-t-il le jour ?

23. Vous êtes fils d’immigré arménien. Les conditions de vie là-bas n’ont pas toujours été facile, êtes-vous retourné sur la terre de vos ancêtres?

VB: Je vais y aller prochainement. J’ai un peu de mal avec mon histoire. Mais je me soigne. Par exemple en chantant des mélodies arméniennes et des textes qui parlent de mes origines comme dans la chanson « Je suis une tombe ».

24. Quand croisez-vous la route de Zazie?

VB: J’ai croisé Zazie avant qu’elle fasse des disques, et avant sa notoriété. Notre amitié pour cette raison n’est pas basée sur de faux rapports. Il y en a certainement qui la trouve suspecte, mais nous savons, elle et moi, ce qu’il en est exactement, et c’est ça qui compte.

25. On peut dire que cette amitié va vous ouvrir des portes?

VB: Elle m’aide. Mais ce n’est pas elle qui m’ouvre les portes. Chaque fois que j’ai fait un disque, Zazie n’était pour rien dans le fait que l’on me produise. Je n’ai pas eu besoin d’elle pour trouver des producteurs.
Après, comme cela se fait entre amis, nous nous aidons. J’ai travaillé pour elle en ce qui concerne sa communication, et elle me propose ses premières parties. Parfois nous chantons ensemble. Ce serait étrange d’être amis dans la vie et de ne pas partager ça.

26. Vous avez fait les premières parties de ses concerts, sur scène qu’est-ce que vous ressentez? Il ne doit pas être facile de faire les premières parties d’une artiste dont le public est là pour elle et pas pour le mec qui est là pour chauffer la salle?

VB: Chaque fois que je suis sur scène, j’apprends quelque chose. En première partie on apprend au
moins l’humilité, c’est déjà pas mal.

27. Aznavour qui est arménien comme vous, c’est un artiste qui vous touche?

VB: Il me touche car il fait partie de mon enfance. Et puis il m’a donné un conseil précieux sans le savoir lors d’une interview. Il a déclaré : Une bonne chanson, c’est une question d’angle. Tout a déjà été écrit, il ne faut pas prétendre dire des choses nouvelles, il faut les dire autrement pour qu’elles soient mieux comprises.

28. Vous écrivez des textes, pour qui aimeriez-vous écrire?

VB: Je préfère écrire pour les femmes. Les textes pour les hommes, je les garde.
Pour que je donne mes chansons, il faut me faire confiance à 100%, et même au delà des mots, et à cette condition je suis prêt à écrire pour pas mal de monde. Ensuite, c’est une question de temps.

29. Vous avez fait la musique du film de pub pour « Lolita Lempicka » avec Bruno Le Roux, vous avez envie de poursuivre cette aventure ou c’était juste un « coup »?

VB: C’est un film avec 30 secondes de musique, enregistré avec 23 musiciens classiques, et seulement une voix-off à la toute fin. Une expérience rare dans la pub. Oui, j’en redemande, et travailler avec mon ami Bruno, c’est toujours un plaisir.

30. Parlez-nous de cet album que vous défendez encore « Ce soir c’est moi qui fais la fille »?

VB: Je défends mon album ? Serait-il attaqué ? Et pourquoi encore ? Je n’ai pas le sentiment de défendre quoi que ce soit, je fais exister mes chansons, je les fais vivre.

31. Vous ne passez pas beaucoup sur les radios, est-ce un handicap pour la carrière d’un artiste lorsque les radios ne jouent pas le jeu?

VB: Ce serait mieux que mes chansons passent plus à la radio. Ce serait mieux pour moi, et parfois mieux aussi pour les radios. La programmation musicale se fait avec des panels, des tests. Au final, je doute que cela corresponde réellement aux goûts du public . On ne considère plus les auditeurs comme des personnes, mais comme des clients de la pub diffusée sur les ondes. Vouloir plaire au plus grand nombre conduit souvent à la médiocrité, même si on peut ainsi parvenir à construire des empires financiers. Ce ne sont en tout cas pas des empires de la culture. Les chanteurs que j’aime ne sont pratiquement jamais diffusés à la radio. Alors pour moi, je me dis que c’est bon signe.

32. Sur cet album, on trouve un duo avec Elodie Frégé, c’était un choix personnel ou suggéré par la maison de disques?

VB: C’était mon choix. J’ai cherché à quelle chanteuse il était le plus improbable de dire « Je ne t’aime pas » et je pense qu’Élodie Frégé ne doit pas souvent entendre cette phrase. C’est une personne délicieuse et artistiquement intéressante. Si on lui laisse du temps, on va le découvrir au fil de ses albums.

33. Comment s’est passé l’élaboration de cet album?

VB: Un cuisinier ne file jamais ses recettes. En fait, ce serait très long à raconter, et pas forcément super passionnant. Il vaut mieux goûter le plat que savoir comment il est fait.

34. Avez-vous des limites dans votre écriture? des sujets que vous ne voulez pas aborder?

VB: Je n’ai à priori pas de limites. Je ne m’interdis rien. Brassens a fait une chanson sur une jeune femme qui s’enfile des cierges d’église. Courbet a peint une femme qui écarte les jambes. Ce ne sont pas les sujets qui sont choquants, c’est le manque de talent. Je trouve que la platitude est bien plus vulgaire et révoltante qu’une chanson osée, même à moitié réussie.

35. Vous avez co-écrit le conte musical « Sol en Cirque », c’était important pour vous de participer à ce projet?

VB: Je suis aux côtés de L’association Sol en Si depuis sa création. Ils avaient besoin de moi alors,
j’étais là. C’était un plaisir de travailler pour eux, et d’écrire ce conte musical avec Zazie. Nous nous sommes dit que nous allions essayer de créer des chansons qui plairaient à nos enfants, que nous serions fiers de leur faire écouter, et qui en plus auraient un rôle pédagogique concernant la maladie. Nous avons eu beaucoup de plaisir à réaliser ce projet, les commentaires que nous avons prouvent que le plaisir était partagé. En même temps nous aidions une association qui en avait grandement besoin. Ce n’est pas tous les jours que l’on parvient à faire des chansons utiles.

36. Vous semblez très concerné par la douleur des gens autour de vous. Face à ce monde qui tourne mal, vous vous réfugiez dans votre plume comme le font d’autres auteurs?

VB: Je suis concerné comme tout le monde par la douleur de ceux qui m’entourent. Et même si cela s’entend d’avantage car mes chansons ont parfois un peu d’écho, je me trouve bien plus inutile que beaucoup de gens qui agissent et que l’on entend moins que moi. Ce n’est pas un refuge, c’est la seule chose que je sache faire. Quand j’en ai l’occasion, j’essaye d’aider avec mes chansons en travaillant pour Sol en Si, ou en abordant des sujets qui fâchent, mais j’ai conscience que je peux peu.

37. Pour un artiste, la scène c’est l’aboutissement de son travail?

VB: Non. Le grand plaisir de la vie d’artiste c’est qu’il n’y ait pas d’aboutissement. Je n’ai jamais le sentiment d’avoir terminé quoi que ce soit, j’ai l’impression de continuer à apprendre sans cesse avec la volonté de toujours faire mieux.

38. Vous avez été déçu par le Sidaction sur France 2, pourquoi?

VB: Je ne suis pas déçu par le Sidaction, mais par la manière dont une émission de télé m’a traité. Par rapport au problème du Sida, cette mini aventure est anecdotique. J’ai déjà tout expliqué sur mon blog Myspace, et ceux que ça intéresse peuvent s’y rendre.

39. Vous n’êtes pas du genre à vous taire, on se souvient que vous n’avez pas eu des mots tendres pour la cérémonie des NRJ Music Awards ni pour Benjamin Castaldi(qui présentait l’émission l’année dernière) dont vous dites qu’il est un pin’s aux couleurs de TF1 et de NRJ. Pas facile dans ces conditions d’être invité sur TF1 et de passer sur NRJ?

VB: Vous voulez dire que pour passer sur TF1 ou sur NRJ il faudrait savoir se taire ? Ce n’est pas joli joli, ça…

40. Vous n’avez jamais été déçu au point de vouloir arrêter la musique? Le chant?

VB: Pour arrêter de faire de la musique, il faudrait que je sois déçu par la musique. Je ne fais pas des chansons pour avoir du succès si c’est ce que sous-entend votre question, mais pour le plaisir que cela m’apporte de les faire et que cela peut éventuellement apporter aux autres de les écouter.

41. Si je vous dis Vilaine Ferveur vous pensez à?

VB: Hitler.

42. Il me semble que ce coup de gueule sur Mylène Farmer a fait plus parler de vous que la sortie de votre album  » Ce soir c’est moi qui fais la fille »? Un véritable buzz, non?

VB: C’est gentil comme question, ça ? Si vous avez raison, c’est dommage, car je pense que mon album est meilleur que mes coups de gueule.

43. On a compris que vous n’aimez pas le côté secte ni le côté commercial de Mylène Farmer, mais n’est-ce pas le but d’un artiste, vendre des disques et au final être commercial pour ne pas être sans contrat et sans maison de disques?

VB: NON ! Je pense que le but d’un artiste n’est pas d’être commercial. Un artiste devrait avoir un rôle noble et tourné vers les gens qui vont l’écouter, pas tourné vers sa réussite personnelle. Le succès n’est pas un gage de qualité. Il arrive qu’il soit justifié, il y a aussi des succès désolants. L’engouement des foules est parfois dangereux, il ne faut pas le sacraliser. Il n’y a qu’à observer l’histoire pour se rendre compte que les leaders charismatiques ont rarement généré du « bon ».Si on me demandait, pour promouvoir l’un de mes concerts, de poser sur une affiche comme si j’étais mort (voire suicidé), en écartant les jambes, comme l’a fait Mylène Farmer, je refuserais. Si on me
demandais de concevoir une telle campagne de publicité, je refuserais. On ne peut pas tout manipuler pour se faire remarquer. Je pense que Mylène Farmer joue avec des symboles dangereux très éloignés de l’humanisme. En tant que père de famille je serais inquiet si mes enfants devenaient adeptes d’une telle Icône. Il ne faut pas confondre la réussite économique d’une entreprise et la légitimité de son action . Sinon il faut ériger des statues à Total. Vous en avez envie ?

44. C’est le mot de la fin sur Influence pour vous Vincent?

VB: Après autant de question sans manger, le mot de la fin sera « j’ai faim ».

N’hésitez pas à visiter la page Myspace de Vincent à cette adresse:

http://www.myspace.com/vincentbaguian