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C’est la rentrée pour la rubrique des interviews et sur Influence, nous avons choisi de publier l’interview de Bertrand Soulier. Notre coup de coeur du mois de mars 2008. Ce mois-là, l’artiste sortait son premier album original:  » Discorama ou Le Best-Of Imaginaire« . Un album conçu comme si il s’agissait d’un premier Best Of. Il fallait y penser, il fallait y songer, Bertrand Soulier l’a fait.

Que pourrions nous vous dire sur cet artiste si ce n’est qu’un Homme qui a consciencieusement voulu échapper au virus de la musique mais qui a bien du se rendre à l’évidence que la partie était perdue d’avance…

Il est ce vendredi 26 septembre 2008 au Café La Bellevilloise ( un Espace dédié à la lumière, la nuit et la création) à partir de 20 heures (Paris) et sur notre site pour la première interview de la saison.

1. Il semble que vous avez pris votre temps avant d’être rattrapé par le virus de la musique, quel a été votre parcours jusqu’à ce premier album?

 

Long et sinueux, comme le chemin que chantait je ne sais plus qui… Que vous dire, un peu de journalisme, un peu de publicité et puis me voilà !

2. Votre premier CD  » Discorama » est une (fausse) compile, expliquez-nous d’où vous est venue l’idée de ce concept original?

J’ai toujours été fasciné par les albums concepts. « Pet Sounds », « Sergent Pepper », « Tommy », « Melody Nelson », « The Wall » etc… J’aime l’idée qu’une chanson ne soit jamais isolée, et qu’elle fasse partie d’un tout. Il fallait donc raconter un histoire. « Discorama Ou Le Best-Of Imaginaire » raconte la vie d’un homme, des années 70 à aujourd’hui. Le petit plus est que cet homme est un chanteur, et que cette vie est retracée à travers « ses succès les plus marquants ». C’est en jouant avec mes musiciens une chanson (qui d’ailleurs ne figure pas sur l’album) à la manière de, que je me suis dit qu’on pouvait retracer 40 ans de musique sur un seul et même disque. A coups de clin d’oeils musicaux et sociaux. Et puis, les signes des temps nous montrent que le format « disque » disparaît. C’était amusant de rendre hommage à tous ceux ou presque qui ont générés l’envie d’être ici.

3. Il a été facile de faire accepter ce concept à votre label ?

Pas forcément, je crois qu’ils auraient aimé quelque chose de moins risqué. Ce que je peux comprendre. Mais ils ont assez vite accroché à l’idée.

 

4. Comment avez-vous signé un contrat avec une maison de disques? Ce n’est pas un peu le parcours du combattant pour en arriver à découvrir son cd dans les bacs des disquaires?

 

Avec un stylo. La musique n’est qu’une poursuite d’accidents. Et la production d’un disque est dans cette droite ligne. Il faut avouer qu’on ne contrôle pas grand chose dans la chaîne moderne. Les choses se font quand elles doivent… 

5. Au fond, qui est Bertrand Soulier?

La réponse est dans la question.

 

6. Faire cet album, c’était le bon moment pour vous ou c’est juste un coup de pouce et tôt ou tard cet album aurait quand même vu le jour?

 

J’écris beaucoup. Cet album est un premier jalon. Il y en aura d’autres… Mais il fallait vraiment le faire avant que ce métier ne commence à me lasser.

7. Vous n’êtes pas un jeune débutant, c’est pas moins évident pour la cause de commencer si tard avec un premier album à votre âge?

Je suis un vieux débutant donc ! Disons que Gainsbourg a écrit Melody Nelson à 42 ans et que j’ai encore une avance considérable.

8. Qu’est-ce qui aura été le plus dur pendant l’enregistrement de cet album? Vous avez mis combien de temps entre l’idée du concept de faux Best of et les premières chansons à enregistrer?

6 mois, deux saisons… dont une en enfer.

 

9. Comment travaillez-vous d’ailleurs? Vous écrivez les textes puis vous composez les musiques ou vous partez d’abord avec une musique et cherchez les mots ensuite?

 

Pour moi, une chanson se résume à un titre. Et j’ai une liste impressionnante de titres de chansons (archivés dans les brouillons sms de mon portable), qui ressemble d’ailleurs plus à des slogans. Je les laisse germer dans ma tête. J’associe des idées, des situations. Et quand le champ lexical est suffisamment vaste, je prends une guitare ou un piano et la chanson apparaît d’un coup, les paroles et la musique simultanément.

 

10. Avez-vous eu des échos par les médias concernant votre album?

 

Oui, j’en ai. Et jusque là, tout va bien. Quoiqu’il en soit, j’accorde une importance relative à tout cela. Quand j’étais môme (aujourd’hui, je n’écoute presque plus de musique, puisque j’en fais), il me fallait parfois une cinquantaine d’écoutes avant d’accrocher sur un album. Et je sais que les journalistes n’ont malheureusement pas ce luxe. Une première écoute hyper positive ne fait malheureusement pas toujours un disque qui prospère dans les coeurs. A suivre, donc…

11. Etes-vous prêt à recevoir un accueil négatif par la presse ou par le public? Vous êtes-vous dit que ça pourrait ne pas plaire?

 

Ce sont les risques du métier. Sans liberté de je ne sais plus quoi il n’y a pas d’éloges etcetera… J’ai un peu vécu, et la possibilité de me faire rentrer dedans ne m’effraie pas plus que cela. Mais une fois de plus… pour l’instant, tout se passe plutôt bien.

 

12. La scène, c’est essentiel pour un artiste?

 

Non, il y a d’excellents artistes qui n’y montent que rarement. Ou pas du tout. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, le paysage musical est tellement brouillon qu’il est impossible d’émerger sans aller prêcher la bonne parole sur scène. Donc en 2008, la scène est essentielle pour exister.

13. Comment la préparez-vous cette scène?

Je tourne régulièrement depuis un peu plus d’un an. Je ne suis donc plus vraiment dans une phase de préparation. J’en suis plutôt à faire briller les chromes et à vérifier le niveau d’huile.

 

14. Maintenant que votre album est disponible et qu’il est en vente, que ressentez-vous, au final cet album ne vous appartient presque plus dès qu’il se retrouve dans les commerces?

 

A lui de vivre sa vie… d’allez faire de l’oeil avec son petit sac à main. Moi, je n’y suis plus pour grand chose.

 

15. Est-ce l’album que vous rêviez de faire?

 

C’est un rêve de faire un album. Pas le contraire… Mais l’album rêvé est toujours le prochain. 

16. Votre disque est assez dense dans son contenu, vous pensez qu’il fallait cette richesse, ce mélange pour plaire?

Plaire est une récompense, pas une motivation. De plus, je vous promet qu’il y en a moins sur mon disque que sur le dernier album de Portishead. L’organisation de l’espace dans la musique est une chose un peu oubliée. Mais rappelons nous qu’a trois, on peut faire un vacarme pas possible.

17. Vous avez une très belle écriture (vos textes sont très réels) mais aussi très cruels (sans vouloir l’être vraiment), vous ne croyez pas au bonheur?

 

L’idée du bonheur naît dans des bureaux d’études, grandit dans des services marketing avant de s’en aller faire sa vie dans les magazines et les grandes surfaces. Je pense que vous parlez plutôt d’un autre truc qui s’appelle la vie, l’existence. Et dans ce cas là, y croire ou pas n’a aucun sens. On n’a pas le choix.

 

18. Vos chansons parlent des choses de la vie, vous êtes-vous mis des limites à ne pas dépasser? Des thèmes à ne pas aborder?

 

Je dépasse les limites régulièrement. Mais pour résumer, tant qu’une chanson ne fait de mal à personne, elle peut exister.

 

19. Si vous deviez faire un duo, à qui penseriez-vous pour chanter avec vous?

 

Je ne suis pas un grand fan des duos. Je trouve l’exercice limité. Peut-être sur scène… si la position des planètes est favorable. Mais bon, si on me posait la question avec un flingue sur la tempe… je dirais Ringo Starr. Ou Jodie Foster.

20. Vous avez fait les premières parties de Thomas Fersen et d’Art Mengo, comment vous êtes-vous rencontré? Vous n’aviez pas envie de leur demander de participer à votre premier album?

« Besoin de personne » comme dit la chanson de Véronique Sanson, une grande dame pour qui j’assure les première parties jusqu’en 2009.

21. Pensez-vous déjà à l’après  » Discorama »?

 

Vous ne croyez pas si bien dire, car j’ai arrêté une petite séance de travail pour répondre à vos questions…

 

22. Nous avons l’impression sur Influence que vous apportez un nouveau souffle à la chanson française, en avez-vous conscience?

J’ai surtout conscience qu’avec tout ce que je fume, j’ai bien de la chance de souffler encore un peu. Merci en tout cas pour ce qui semble être un compliment. Mais pour vous répondre honnêtement, je ferai ce genre de bilan la vieille du grand saut. Je ne suis qu’un bout de la somme de ce qui s’est produit avant. Rien de plus.

 

23. J’ai lu dans d’autres médias qu’on vous compare facilement à Vincent Delerme, vous partagez cet avis ou vous êtes comme beaucoup d’artistes qui n’aiment pas les comparaisons?

Je crois qu’effectivement nous sommes deux anciens fans des jambes de Steffie Graff. Pour le reste, en France… dès qu’un chanteur est derrière un piano, l’association se fait. Je suis juste embêté pour ceux qui viennent me voir en espérant voir un autre Vincent Delerm. Ils ressortent toujours déçus.

 

24. Quels sont vos projets?

 

On me demande beaucoup de chansons en ce moment. Alors j’écris, chez moi. Tout en préparant les concerts à venir, les festivals de l’été, et la rentrée qui promet d’être intense.

25. Nous vous laissons le mot de la fin sur Influence. A bientôt Bertrand…

J’ai toujours été minable en mot de la fin.( Sourire). Moi, c’est en « A suivre » que je suis bon.

Alors, à suivre.

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