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La projection du dernier film de Bruce Willis, Die Hard 4, qui vient d’être organisée en avant-première mondiale pour la presse française par la Twentieth Century Fox dans des conditions de sécurité musclée, illustre les vives craintes des grands studios américains par rapport au piratage. « Les studios américains sont très réticents à montrer leurs films en avance, et nous nous sommes portés garants à titre personnel qu’il n’y aurait dans la salle que des gens en qui nous avons une totale confiance« , a déclaré mercredi Alexis Rubinowicz, responsable de la communication chez Fox France, avant la séance organisée pour quelques dizaines de journalistes.

 Les journalistes fouillés

« Si l’on trouve des choses sur internet avant le 27 juin », date de la sortie américaine de Die Hard 4  et avant le 4 juillet en France  » le prochain blockbuster ne sera montré que la veille de sa sortie », a-t-il poursuivi. Avant cette mise en garde, réitérée par un message sur l’écran, les journalistes avaient déjà été soumis à une fouille et à un bref interrogatoire à l’entrée . « Avez-vous un matériel quelconque d’enregistrement dans votre sac ? » . Ce sont deux gardes de sécurité musclés qui les ont scrutés dans la pénombre, pendant une projection de plus de deux heures. Un peu à la manière de ce qui se passe lorsque nous assistons à des concerts, même si dans ce cas, il est impossible pour les organisateurs d’empêcher le public de prendre des photos ou d’neregistrer certains passages avec leur portable.

Une surveillance justifiée?

Une surveillance tout aussi stricte avait entouré, à l’automne, la projection à la presse de « Casino royale« , le 21e James Bond produit par Columbia. Peut on dire que cette surveillance soit justifiée? Nous sommes bien évidemment conscient que oui, cette surveillance est pleinement justifiée, estime José Covo, à la tête de Fox France depuis 2003, après avoir travaillé pour la maison de disque Polygram. « Pour ce genre de films, dont la sortie mondiale est particulièrement attendue, nous sommes extrêmement vigilants, nous faisons tout pour éviter les risques de piratage« , a-t-il affirmé jeudi avant d’accueillir l’acteur principal du film, Bruce Willis, venu en France pour la promotion du film. Le film peut être copié « à chaque étape », explique José Covo, il l’est parfois « dès le laboratoire et le plus souvent, on le retrouve sur internet dans les jours ou les semaines qui suivent sa sortie en salles« . C’est une lourde perte pour le cinéma et pour tous ceux qui participent à l’élaboration d’un film lorsque celui-ci se trouve déjà en bonne qualité sur le net. Les gens ne vont pas se déplacer pour payer leur place de cinéma si ils ont déjà une copie de haute qualité du film.

La Russie et la  France pointés du doigt pour Spider Man

Selon José Covo, la Fox a identifié récemment trois sources de copies pirates de Spider Man 3, son dernier gros succès commercial, avec des recettes mondiales record de 844 millions de dollars et six millions d’entrées dans l’Hexagone. Les aventures de l’homme-araignée ont notamment été copiées « en Russie et dans une petite salle en France », a expliqué M. Covo, relativisant toutefois l’impact du téléchargement illégal, entre internautes, de copies « médiocres » faites à partir d’images volées en salle, à l’aide d’une caméra miniature. Mais toutes les copies ne sont pas pourries. Beaucoup de films se retrouvent en téléchargement illégal sur le net en haute définition. Il suffit de savoir trouver la bonne copie.

 Un durcissement législatif qui va faire mal

Après le Japon (pays où il a de nombreuses copies pirates en circulation), qui a voté en mai une loi allant jusqu’à punir de dix ans de prison ces captations sauvages, le Canada s’apprête lui aussi à légiférer contre l’enregistrement, à des fins commerciales, des films dans les salles. Des initiatives saluées par les  grands studios de Hollywood, représentés par l’association du cinéma américain (MPAA) qui évalue à 6,1 milliards de dollars son manque à gagner en terme de chiffre d’affaires annuel lié à l’activité des pirates, et à 18,2 milliards de dollars celui de l’industrie mondiale. L’industrie du cinéma s’alarme de voir que dans le secteur voisin de la musique les ventes ont chuté de près d’un quart (-23%) de 2000 à 2005, selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), qui met en cause le téléchargement illégal.
Des peines très lourdes qui devraient faire réfléchir les pirates et permettre aux studios de respirer.